Le cancer de la prostate: les causes à éviter
Les chiffres : nombre de nouveaux cas et gravité
Notre objectif : réduire chaque année le nombre de nouveaux cas d’hommes atteints par le cancer de la prostate.
- En France : 66.000 cas en 2020
- Dans le monde 1,4 million en 2020 et 375.300 décès
- En 2017 on comptait en France 643.156 cas en cours de traitements.
- Troisième cause de décès chez les hommes : 10.000 hommes décèdent chaque année du cancer de la prostate.
Introduction
Webinaire du 23 octobre 2024 donné par:
- Henri Joyeux: Professeur de la Faculté de Médecine de l’Université de Montpellier (Pr. honoraire), Chirurgien Cancérologue & Conférencier, s’engage au service de votre santé par ses messages de prévention des cancers: nutrition & comportements de santé.
- Jean Joyeux: Micronutritionniste, enseignant en nutrition et diététicien, Jean Joyeux rédige les articles de la newsletter de « https://www.famillessanteprevention.org/ ». Il a à coeur de partager son expertise avec le plus grand nombre, en rendant chaque sujet facilement compréhensible, pour que vivre en bonne santé soit accessible à tous et à n’importe quel âge !
Son diagnostic précoce est d’abord biologique
Au début aucun trouble n’est signalé, ni urinaire ni sexuel.
A partir de 50 ans le dosage sanguin du marqueur PSA = Prostatic Specific Antigen est indiqué 1 fois par an.
- Son taux normal est inférieur à 4ng/ml
- Au-delà 4ng/ml de sang, il peut s’agir :
- d’une adénome prostatique ou Hypertrophie Bénigne de le Prostate (HBP)
- d’une lésion suspecte de la prostate..
La surveillance annuelle permet de suivre l’évolution du taux de PSA qui devient suspect lorsqu’il double en l’espace de 12 mois.
Deux examens complémentaires sont alors nécessaire :
- Échographie pour évaluer le volume de la prostate et analyser la glande prostatique (homogène ou hétérogène) et sa capsule.
- Une IRM prostatique est indispensable en cas d’anomalie à l’échographie qui orientera vers des biopsies (10 à 12) par prélèvements dans la glande elle-même.
Le diagnostic tardif est encore trop fréquent
Les troubles sont en général des douleurs osseuses dues à des métastases le plus souvent vertébrales au niveau lombaire, le bassin ou les hanches. Le diagnostic est réalisé par les radiographies osseuses des zones douloureuses et par la scintigraphie osseuse.
Les causes connues et qui font l’objet de recherche
Avant le cancer de la prostate, les hommes sont embêtés avec leur prostate par ce qu’on appelle l’HBP, avec une hypertrophie de la prostate, on parle d’un adénome prostatique, on parle d’une hypertrophie bénigne de la prostate (HBP).
Et cette hypertrophie bénigne de la prostate est très fréquente puisque 60% des hommes de plus de 60 ans ont cette pathologie bénigne, je précise, qui n’est pas un cancer, qui se soigne. Nous avons des traitements qui ne sont pas toujours efficaces. Et j’espère que vous poserez des questions sur comment on peut éviter une hypertrophie bénigne de la prostate, mais ce qui nous intéresse ce soir, c’est comment éviter un cancer prostatique ?
Ce n’est pas normal que dans notre société, nous ayons une augmentation importante de ce qu’on appelle la prévalence ou le nombre de nouveaux malades atteints. Nous ne pouvons pas répondre en disant, il y a une cause et puis pas une autre, mais il y a des causes qui sont plus importantes que les autres. Un homme sur 7 est atteint aujourd’hui à partir de l’âge de 70 ans. Un homme sur 8 à partir de l’âge de 60 ans. 66% des malades atteints de cancer de la prostate ont plus de 65 ans.
Mais attention, nous voyons aujourd’hui un rajeunissement de l’âge des hommes atteints. Le dernier cas, et je pense qu’il est en train de nous écouter, c’est un sportif, un Monsieur de grande qualité qui nous joint parce que on a trouvé, à 43 ans, une lésion prostatique qui est malheureusement un cancer.
Le cancer de la prostate quand il atteint un homme de 80 ans ne pose pas trop de problème. Il n’évoluera pas grandement ni rapidement. Et si on imaginait qu’à 100 ans on puisse contrôler 100 prostates de 100 hommes de 100 ans, nous trouverions chez chacun un cancer prostatique. Mais ces hommes ne sont pas partis dans l’au-delà à cause du cancer prostatique, le cancer prostatique comme le cancer du sein, comme tous les cancers, c’est une forme de vieillissement précoce tant qu’il s’agit d’un âge jeune. Et 60 ans, c’est jeune, 70 ans, c’est jeune, 75 ans, c’est jeune aussi. Mais imaginez 43 ans.
Parmi les causes que nous allons passer en revue de manière très précise, nous avons un objectif qui est toujours le même, c’est la prévention. Notre objectif n’est pas que l’année prochaine, il y ait 66000 nouveaux cas ; c’est que l’année prochaine il y ait 60000 nouveaux cas et les années d’après 50000. Et ainsi de suite. Et pour cela, tous ceux qui nous écoutent, ont un devoir de transmettre. Notre passion, c’est d’apprendre et de transmettre.
Personnellement, à mon âge, vous calculerez, je suis né en 1945, j’apprends tous les jours. Et le jour où je n’apprendrai plus, je ne serai plus de ce monde. Tous les jours, il faut apprendre quelque chose et aujourd’hui nous allons vous apprendre des choses importantes.
1ère cause : l’âge en tenant compte depuis quelques années du rajeunissement de la population atteinte
- Nous avons dû prendre en charge des hommes atteints, l’un à 39 ans (bodybuilder), d’autres cas entre 40 et 50 ans.
- 66% des hommes atteints ont plus de 65 ans.
- Le cancer de la prostate est une forme de vieillissement précoce de l’organisme et de la prostate en particulier.
Nous avons des moyens de détection qui ne sont ni des moyens cliniques ni un signe qui permettrait de dire « Ce Monsieur a un tel trouble, il a un cancer prostatique ». Nous n’avons pas de signes, mais nous avons un marqueur biologique qui est très important. J’ai des collègues avec lesquels je ne suis pas du tout d’accord quand ils disent que ce marqueur ne doit pas être fait trop tôt. Ce marqueur s’appelle Prostatic Specific Antigen. C’est un antigène spécifique de la prostate.
Mais ce marqueur doit être dosé, minimum, dès l’âge de 50 ans et tous les ans. Et parfois, il faut commencer ce dosage plus tôt ; on vous dira qu’il faut faire un toucher rectal. Franchement, vous savez, je suis chirurgien. J’ai opéré des cancers de la prostate et des prostates bénignes qui n’étaient pas des cancers. J’ai fait dans ma vie de professeur cancérologue, de médecin, beaucoup de touchers prostatiques, ça ne dit plus rien. Je vous le dis franchement, ça ne sert plus à rien. J’ai des collègues qui en font encore, je ne vais pas le leur reprocher. Mais ce n’est pas le toucher rectal qui va vous permettre de penser qu’il y a un cancer prostatique. Ou alors c’est à un stade tellement évolué que vous devez le savoir vous-même depuis longtemps.
Vous avez un adénome prostatique, une lésion bénigne, mais si vous interrogez ce Monsieur, il vous dit qu’à 55 ans, il se lève 3 fois dans la nuit pour aller uriner ; ça veut dire qu’il a des difficultés à évacuer sa prostate. Elle commence à grossir. Première cause, c’est l’âge.
Mais encore une fois, attention, en passant les prochaines causes, nous allons pouvoir comprendre pourquoi dans certains cas, il faut le faire plus tôt (j’ai vu un cas dans ma vie à 39 ans)
2ème et 3ème éléments : l'obésité et les régimes hyper-insuliniques
- On parle de syndrome métabolique quand, à la suralimentation, s’ajoute la consommation d’alcool en excès (vins à raison de plusieurs verres par jour + alcools fort trop souvent.
- Les excès de vitamine D par prescription abusive – sans tenir compte des taux normaux – augmentent les risques.
L’obésité, c’est d’abord la nutrition. Et cette obésité, nous devons la relier avec un élément qui est très important, c’est l’alimentation pro inflammatoire. Ça, ce sont des données qui sont relativement récentes et là-dessus, Jean m’a beaucoup appris parce que dans le passé, on ne parlait pas d’alimentation inflammatoire ou pro inflammatoire. On disait, cette personne mange trop. « Bon, ils sont gourmands, et les gourmandes, et cetera ». Mais non, mais non. On a des données précises sur des aliments qui sont pro-inflammatoires, qui créent de l’inflammation. Il faut mettre le doigt dessus, il faut les connaître. Et dans ces aliments pro-inflammatoires, bien évidemment, nous allons les passer un peu en revue, ce n’est pas simplement un aliment, on ne va pas vous dire, c’est uniquement la charcuterie. C’est sûr que si vous prenez de la charcuterie tous les jours et en grande quantité, vous risquez d’avoir une alimentation pro-inflammatoire. Vous n’aurez pas pour autant de cancer prostatique mais peut-être que vous préparerez le terrain ; ça c’est la 3ème et la 4ème cause que je relie.
Qu’est-ce que l’obésité ?
- Alimentation trop glucidique, qui impose la fabrication par le pancréas d’insuline qui stocke les sucres en excès en gras pro inflammatoire.
- La répartition du gras est surtout viscérale dans le bas ventre autour de la prostate. Ce gras en excès est cancérigène.
C’est un état de surpoids anormal avec une alimentation qui est pro-inflammatoire et je relie un 3ème élément que l’on voit dans la littérature, qui est un petit peu difficile à expliquer au grand public, c’est ce qu’on appelle des régimes hyper insuliniques. Ça veut dire quoi ? Normalement l’insuline est prescrite à des gens qui ont le diabète.
Comment éviter la récidive ?
La récidive du cancer prostatique, comme du cancer du sein, existe. Et s’il y a des dames qui nous écoutent et qui ont été atteintes par le cancer du sein, qu’elles sachent une chose, c’est que quand un homme aujourd’hui est atteint d’un cancer prostatique, il faut surveiller sa femme pour le cancer du sein. Il y a 30 ans, c’était l’inverse, quand une femme était atteinte d’un cancer du sein, il fallait demander au monsieur de faire le PSA (prostatic specific Antigen) et on trouvait des cas de cancer prostatique.
La façon dont on peut considérer les facteurs nutritionnels qui vont augmenter le risque de développer un cancer de la prostate, c’est important. D’ailleurs, c’est un point commun à toutes les approches de prévention par l’alimentation. On va nécessairement parler de l’obésité parce que l’obésité est un facteur de risque de cancer en général, elle augmente le risque de développer un petit peu tous les types de cancers. Bien évidemment, on ne va pas développer tous les cancers possibles et imaginables quand on est en obésité, mais on augmente le risque de développer des cancers selon ses fragilités. Pour certaines personnes, ce sera plutôt des cancers hépatiques quand il y a une stéatose hépatique et pour d’autres, ce sera plutôt des cancers du sein quand il y a des problèmes dans la régulation des fonctions hormonales féminines. Et ici ? Eh bien, dans le cas du cancer de la prostate, effectivement, l’obésité est un facteur de risque qu’il ne faut surtout pas négliger.
L’obésité, ça n’est pas simplement le fait d’être entre guillemets « lourd », ce n’est pas juste le rapport taille/poids. Quand on vous propose sur des sites un petit peu sympathiques de communication sur l’alimentation santé, de calculer votre indice de masse corporelle, c’est un petit peu rapide, pour ne pas dire limite ridicule, parce que l’indice de masse corporelle n’a jamais été créé pour évaluer l’état d’obésité autrement que pour des statistiques. Ça a été mis au point par un statisticien qui était très malin, et qui a développé un outil permettant sur de très grandes populations d’avoir une évaluation simple des états de pondération. Ça fonctionne sur des échelles très vastes, mais individuellement, ça fonctionne très mal. Pourquoi ? Parce que ça ne nous dit rien sur la répartition de la masse adipeuse. Et je donne souvent l’exemple d’un rugbyman qui fait 1m80, et selon l’IMC, est obèse. Et quand on regarde la répartition de la masse adipeuse, il n’est pas obèse du tout. Il est extrêmement musculeux. Il a une masse adipeuse qui est peu développée.
Si on veut vraiment bien définir l’obésité, c’est un excès de masse adipeuse. Ça veut dire qu’on a le tissu adipeux trop développé.
Pourquoi est-ce problématique d’avoir le tissu adipeux trop développé ?
Parce que le tissu adipeux est censé être un tissu de réserve. Quand on mange beaucoup de glucides, ça nous fait produire beaucoup d’insuline et l’insuline nous fait stocker. Dès lors, il y a un problème endocrinien en conséquence à ce type d’alimentation qui nous fait stocker de la masse adipeuse et ce stockage de masse adipeuse, crée un hyper développement du tissu gras. Ce tissu gras, hyper développé, se met à changer d’état de santé, si vous voulez. C’est-à-dire qu’il va devenir enflammé. Il va même, pire que ça, devenir lui-même incendiaire, c’est-à-dire qu’il est dans un état d’inflammation et il propage cette inflammation à l’échelle de tout l’organisme. Si on définit les problèmes d’obésité comme une hyper adiposité, ce qui est la véritable définition physiologique, sont associés à une inflammation chronique, Or l’inflammation chronique peut être de très bas grade et développer des problèmes pathologiques assez mineurs dans un premier temps. Mais sur du très long terme, elle augmente le risque de développer des pathologies de plus en plus graves. Là, en l’occurrence, cette inflammation chronique est associée à une augmentation du risque de cancer de la prostate chez l’homme.
Cela dit il faut se méfier un petit peu des personnes qui sont peut-être dans un indice de masse corporelle normal, mais qui sont très peu actives physiquement et qui présentent une forme d’obésité un peu étrange qu’on appelle l’obésité cachée ou la graisse fantôme. On a l’impression que la personne a un rapport taille/poids qui est très bon, un indice de masse corporelle peut-être à 22 et dans la réalité, c’est une personne qui est très peu musclée parce qu’elle est peu active et qui est en hyper adiposité et présente des signes d’inflammation chronique qui sont associés à une immunité moins performante, qui sont associés à une capacité à réguler les fonctions hormonales moins performantes.
Dans en réalité, il faut être un petit peu plus précis sur la définition de l’obésité et sur le suivi de l’obésité, sur l’accompagnement des obésités. Il faut bien les reconnaître de la bonne façon et clairement expliquer que l’excès de tissu adipeux problématique, n’est pas tellement le poids qui est en question mais l’excès adipeux.
4ème cause : le manque d’activité physique, la sédentarité
Nul doute que la sédentarité a beaucoup d’inconvénients
- Le minimum de mouvements du système ostéo-articulaire réduit la vascularisation osseuse, est source d’ostéoporose, d’atrophies musculaires, de souffrance de la moelle osseuse qui jour et nuit ne cesse de fabriquer les globules du sang, les rouges, les blancs et les plaquettes, d’où la réduction de nos défenses immunitaire qui fait le lit du cancer.
- Un petit état dépressif qui n’ira qu’en s’accentuant et peut faire prendre de mauvaises décisions face aux traitements anticancéreux pourtant indispensables.
- Des habitudes alimentaires qui varient peu et nous font perdre insensiblement les goûts et l’odorat et conduisent au surpoids et risques d’obésité.
Ni le vélo, ni l’activité sexuelle quelle qu’elle soit n’augmentent les risques de cancer prostatique.
Alors dans tout ça, évidemment, le fait d’être actif justement a immédiatement un effet protecteur parce qu’il permet de maintenir une masse musculaire plus importante, il permet de d’entretenir un métabolisme plus performant aussi. Et également une immunité plus performante et l’immunité dans la prévention des cancers, est particulièrement importante parce qu’on a une immunité contre les germes exogènes, extérieurs (comme virus, bactéries). Et cette immunité est en en mesure d’agir aussi pour réguler des phénomènes inflammatoires. Quand on fait une activité physique, on augmente le renouvellement de ses défenses immunitaires beaucoup plus efficacement, mais on réduit le risque de nombreuses pathologies ; il faut bien sûr réfléchir à ce duo qui est constitué par l’alimentation, avoir une hygiène alimentaire qui est bonne, et une hygiène physique qui est bonne, c’est le duo gagnant, c’est-à-dire que ce sont les personnes qui ont une alimentation bien gérée sans s’empêcher d’avoir des gourmandises de temps en temps et de faire la fête (on n’est pas obligé de vivre comme des moines tout le temps), et qui ont aussi une activité physique ni excessive, ni insuffisante, qui est bonne, qui est régulière, qui leur fait prendre l’air, et cetera. Ce sont ces personnes qui vivront en bonne santé le plus longtemps, toute catégorie et tout système confondu. Les risques sont bien moins importants.
5ème cause : l’alimentation pro-inflammatoire avec trop de produits laitiers animaux et viandes rouges et charcuteries et/ou de phytohormones avec le soja
- Consommation de trop de facteurs de croissance ”gF” : IgF1 et 2 (Insulin Growth Factor) surtout + EgF (Epidermal growth Factor), et TgF (Transforming growth Factor). Ils sont en cause dans le développement de l’adénome prostatique qui atteint 60% des hommes après 60 ans.
- Les calcifications dans la prostate visibles à l’échographie sont suspectes de localisation cancéreuse.
- Viandes rouges et charcuteries en excès apportent des acides gras saturés qui créent de l’inflammation.
- Le soja a une forte activité phyto-oestrogénique chez les femmes mais chez l’homme la stimulation est androgénique, c’est à dire testotéronique.
- Au Japon les préparations au soja passent par de longues cuissons qui réduisent la stimulation hormonale[2].
- En Europe comme aux USA, les préparations au soja subissent comme pour les laitages animaux l’ultra haute température (UHT).
Dans ce que la nutrition peut moduler concernant la diminution du risque de cancer de la prostate, il y a toute la série de micronutriments qui ont des fonctions particulières. Ces micronutriments essentiels sont indispensables aux fonctions de nos cellules. Et particulièrement ceux qui permettent de réguler à la fois l’immunité et l’inflammation. Pour être clair, on parle pratiquement de la même chose puisque l’inflammation c’est une forme de réponse immunitaire stéréotypée qui peut avoir lieu en cas d’infection ou en cas de traumatisme physique comme une entorse. C’est toujours le système immunitaire qui est impliqué. Or votre système immunitaire, si vous êtes carencé en vitamine D par exemple, ce qui est extrêmement fréquent de nos jours – parce qu’on ne prend pas le soleil tout simplement, on devrait prendre le soleil plus souvent, on serait déjà mieux lotis, ça n’est pas forcément suffisant, mais en tout cas on serait mieux loti – et le taux de vitamine D est très souvent trop faible pour permettre d’avoir une immunité suffisamment performante. Et dès lors on va augmenter le risque de phénomènes infectieux mais aussi le risque de phénomènes inflammatoires chroniques. Le risque aussi de développer des pathologies cancéreuses.
C’est important d’être attentif à vivre un petit peu comme on a besoin de vivre physiologiquement, c’est-à-dire de s’exposer raisonnablement au soleil sans aller cuire au soleil évidemment, pour fabriquer de la vitamine D ou bien de se supplémenter, même si la supplémentation est une sorte d’aveu d’échec en nutrition, ça veut dire qu’il y a quelque chose qu’on n’a pas réussi à apporter. Si on peut éviter d’en avoir besoin, c’est bien. Après quand on en a besoin, autant l’utiliser de la bonne façon. Alors je vais vous épargner l’interminable liste des micronutriments utiles pour réguler l’inflammation. Si on passe très rapidement dessus, on va retrouver les vitamines, les antioxydants, les oligoéléments, en substance, avoir une alimentation riche en oligoéléments, en minéraux, en antioxydants. C’est très important dans la prévention de tous les cancers et à fortiori dans la prévention du cancer de la prostate.
Il y a des études très intéressantes sur les flavonoïdes par exemple, qu’on va trouver dans la grenade. Il y en a qui se sont intéressés aux flavonoïdes d’autres fruits, d’autres légumes, de fruits rouges, de papayes, et cetera. Et il y a des études qui sont plutôt favorables et qui montrent que plus on a une grande diversité de ces polyphénols en mangeant beaucoup de fruits et légumes, mieux c’est. Et cette grande diversité, il ne faut pas aller la chercher au fin fond d’une gélule que quelqu’un a préparé pour vous, mais il faut d’abord aller la chercher dans une grande diversité de fruits et légumes. Parce que vous allez retrouver des flavonoïdes dans les fruits et dans les légumes, surtout quand vous mangez les fameux légumes méditerranéens. Bon, on est en train de sortir de la saison, bien sûr, mais il nous reste encore quelques aubergines, quelques poivrons, et cetera. Ces aliments, et particulièrement quand ils sont colorés, vous allez trouver des flavonoïdes qui sont intéressants, qui sont même importants pour réduire le risque de développer des cancers tous azimuts, mais à fortiori bien sûr de la prostate, puisqu’on en parle ce soir.
Première grande recommandation que je ferais : manger tous les jours une majorité de fruits et légumes. On a des modèles alimentaires aujourd’hui qui sont trop orientés sur les produits soit ultra transformés, soit les produits animaux, éventuellement les deux. Il faut revenir à une alimentation très riche en végétaux, 3, 4 ou 5 portions de fruits par jour. Et 3, 4, 5 portions de légumes par jour. Il faut que notre alimentation soit constituée à plus de 70, 75, peut-être même 80% de végétaux. Et c’est quelque chose qui va être particulièrement bénéfique. La dimension du microbiote a son importance dans le cas de la prostate aussi.
Le cas de la prostate : alors il y a deux éléments, l’un positif et l’autre négatif qu’il faut signaler, par rapport au lycopène qu’on trouve dans la tomate et pour lequel il y a eu des études fort intéressantes chez des animaux où on a créé en laboratoire – puisque j’ai dirigé un laboratoire de nutrition et chirurgie expérimentale – des tumeurs en l’espace d’une petite semaine. Ce ne sont pas des cancers prostatiques, mais ce sont des tumeurs qui vont se développer facilement à partir de Diméthyle benzanthracène, une sorte de produit issu du pétrole.
On mesure la croissance de cette tumeur qui finira par grossir tellement qu’elle sera plus lourde que l’animal lui-même et finira par le tuer. Mais on peut faire des lots de rats qui vont être nourris, les uns avec du Lycopène en poudre, du lycopène en gélules, et d’autres avec des tomates. Et on va comparer le taux de lycopène entre ces deux lots d’animaux qui reçoivent la même quantité de lycopène.
Le résultat est passionnant et montre que la réduction ou la plus faible croissance tumorale, se trouve chez le rat qui consomme la tomate en entier, le totum.
Il y a aussi un troisième groupe de rats à qui on ne donne pas du tout de lycopène (ni tomate ni comprimés) et à qui on greffe la tumeur. Dans ce troisième groupe, la tumeur va continuer à croître tranquillement. Dans le groupe qui a reçu les gélules, elle grandira un peu moins vite. Et le meilleur résultat sera chez ceux qui ont mangé la tomate en entier.
Dans une étude qui est sortie en 2008 et qui reprenait les travaux dont on vient de parler, il y avait une triple comparaison entre le lycopène extrait de la tomate, le lycopène en gélule, et le totum, c’est-à-dire la tomate rouge entière. L’étude montrait que la tomate jaune qui ne contient pas de lycopène (puisqu’il donne la couleur rouge) et donc la tomate jaune n’en contient pas, elle contient d’autres choses. Ils ont comparé les deux sortes de tomates. Avec la tomate jaune, ne contenant pas de lycopène, ça ralentissait autant qu’avec la tomate rouge. Morale de l’histoire, je trouve ça vraiment fascinant parce que ça montre que ce n’est pas juste le lycopène, c’est aussi la matrice. Même si j’ai entendu quelqu’un dire que malheureusement, aujourd’hui, les fruits et légumes, même bio, ont de moins en moins de flavonoïdes et d’antioxydants, c’est vrai et ce n’est pas complètement vrai. Ce qui est très important, c’est qu’il y ait de grandes quantités de ces flavonoïdes.
C’est de bien comprendre que les fruits et légumes produisent ces substances colorées, pas seulement parce que c’est leur génétique qui le leur demande pour se protéger contre les agressions du milieu dans lequel ils grandissent. Si vous avez, par exemple, des tomates qui poussent dans une serre, elles contiennent beaucoup moins de lycopène que des tomates qui poussent en plein soleil. D’ailleurs, vous noterez que la qualité de la saveur aussi est très différente. Le lycopène, entre autres substances, va y participer.
Mais quand vous utilisez des fruits et des légumes qui ont poussé dans des conditions naturelles avec l’agression du froid, du chaud, de la lumière, du soleil, et éventuellement du manque d’eau, vous allez avoir une quantité de micronutriments et de flavonoïdes qui va être très supérieur. Il y a un véritable choix qualitatif à faire qui est très important. Ce n’est pas tant le fait d’aller chercher un produit bio qui est important. Parce que si vous allez dans le supermarché du coin acheter des tomates bio au mois de décembre, parce qu’on en produit toute l’année dans des serres en Bretagne et ailleurs, vous n’avez pas compris. Le truc ce n’est pas la tomate bio qu’il faut aller chercher. C’est la tomate qui a poussé dans un jardin, qui a poussé dehors, quand elle est de saison.
En hiver, il faut prendre plutôt des crucifères. Il faudra consommer des pommes qui nous restent et il faudra consommer les produits qui sont plus fidèles à la saison hivernale, les cucurbitacées qui contiennent d’autres types de caroténoïdes. L’idée c’est non pas d’aller chercher du bio. Évidemment, l’agriculture biologique, sérieuse, fiable, celle à laquelle on peut faire confiance, est intéressante parce qu’il y a moins de pesticides, mais quand on est dans du biologique, qui est logique par rapport au contexte naturel, il y a une exposition à ces agressions de la nature qui permet d’augmenter la production de vitamine C, de Flavonoïde, et cetera.
Il faut faire le choix de produits de saison et puis plus encore du mode de préparation. Parce que si vous faites cuire pendant des heures vos tomates, vous allez oxyder votre lycopène. Il ne servira plus à rien. Il faut retenir que la saisonnalité est très importante et ensuite le mode de cuisson a aussi son importance.
Le soja
Et là je vais insister sur le soja. Pourquoi ? Parce qu’on nous dit que le soja est phyto-oestrogénique. Exact, il est phyto-oestrogénique pour un organisme féminin. Ça veut dire que pour une femme, le soja est un stimulant de la formation des œstrogènes par les ovaires, par l’organisme féminin ; et s’il n’y a plus de formation parce que la femme est à un âge qui a dépassé la ménopause, chez une femme qui est en bon état, qui n’a pas de problème de cancer, elle peut prendre des phytoœstrogènes.
Chez l’homme, le soja a une action qui est testostéronique, c’est une phyto hormone. Et il faut faire attention avec le soja. Pourquoi ? Parce que nous avons eu récemment des publicités qui ont poussé à la consommation de produits contenant du soja, comme les yaourts de soja, les sojas pour remplacer du lait de vache ou des yaourts de vache, et cetera, et du soja sous forme de de steak de tofu. Moi je pense qu’il faut faire attention à ces consommations qui sont souvent issues de beaucoup de communication pseudo santé où on nous raconte des salades pour nous faire consommer. Et il faut bien comprendre que les gens du marketing sont des spécialistes des phrases qui nous touchent, qui nous frappent pour que nous passions à la consommation.
Lorsque vous dites soja pour prévenir le cancer de la prostate, moi je vous dis non. Laissez le soja à des femmes qui peuvent en avoir besoin dans la période post-ménopausique, pas pour les enfants qu’ils soient garçons ou qu’ils soient filles.
Exemple, je l’avais raconté lors du webinaire sur le cancer du sein. Une petite fille qui m’est amenée par sa maman. Elle a 4 ou 5 ans et elle a déjà des glandes mammaires d’une jeune fille de 13, 14 et la maman est très inquiète parce qu’elle a peur que sa petite fille ait un cancer. On lui a déjà parlé de l’opérer du problème qu’elle a au sein, à savoir des seins qui sont anormalement présents déjà à cet âge. Je l’ai rassurée mais surtout je lui ai posé la première question, est-ce que votre fille prend du lait de soja ? Mais docteur, depuis sa naissance, OK c’est bon, voilà la cause, vous arrêtez tout ça, vous laissez faire la nature et ne vous inquiétez pas, sa puberté se fera normalement et elle n’a pas besoin d’être opérée.
Deuxième cas que j’ai vu, c’est le même style avec une maman qui m’amène un petit garçon qui est en pré puberté à l’âge de 6 ans, qui est poilu sur les bras comme un jeune homme de 16. Vous posez la question, est-ce qu’il boit du lait de soja ? Ah Ben docteur depuis la naissance ! Voilà c’est clair le soja, pas question parce que l’homme a un organisme hormonal qui est fait pour nous aider à fabriquer de la testostérone et si nous n’en fabriquons pas suffisamment, une plante est capable de nous aider. Ce n’est pas une bonne idée de consommer du soja.
6ème cause : les anabolisants du dopage sportif et de la puissance sexuelle
Ce sont souvent de dérivés de la testostérone.
- La DEHA : la déhydroépiandrostérone (DHEA) est l’hormone « mère », présente dans l’organisme. Elle est l’origine de la synthèse des hormones sexuelles, testostérone et estrogènes. Sa concentration très élevée dans le sang tend à diminuer avec l’âge ; à l’âge de soixante ans, elle représente 10 à 20 % de sa valeur à l’âge de vingt ans.
- Chez les sportifs, la DHEA à un effet anabolisant qui justifie son inscription sur la liste des substances dopantes.
- La DHEA est fabriquée à partir de substances contenues dans le soja ou dans l’igname sauvage.
- Chez les Bodybuilders, après 40 ans, on observe une perte moyenne de 8% de la masse musculaire tous les dix ans. Entre 30 et 85 ans, on peut perdre jusqu’à 30 ou 40% de ses muscles, souvent remplacée par de la masse grasse.
Le cancer de la prostate est un cancer hormono-dépendant, essentiellement dépendant de l’hormone masculine, la testostérone fabriquée par les testicules et en faible quantité (5%) par les glandes surrénales ou apportée en excès par voie médicamenteuse.
Le récepteur aux androgènes (AR) est un acteur important associé au développement et à la progression du cancer de la prostate.
D’une part on va relier l’homo-dépendance à l’alimentation, et d’autre part au dopage. Il y a deux types de dopages. Le dopage du sportif. Et puis celui de certains collègues médecins, vous en avez beaucoup dans la région parisienne et en Belgique qui sont des gens qui vous disent à partir de 45, 50 ans, « Oh la la, vous avez une sexualité qui commence à être fatiguée. Vous avez une puissance sexuelle qui commence fatiguée, ça vient du fait que vos testicules ne fabriquent pas assez de testostérone ». On va vous compléter la chose avec un apport de testostérone ou d’un dérivé de la testostérone. Ne rentrons pas dans le détail. Je peux vous dire pour avoir vu de près des personnes proches de ma famille ou proches de mon métier, des maîtres comme on dit dans le domaine de la santé, qui ont perdu la vie parce que, à partir de 55, 60 ans, considérant que leur puissance sexuelle, leur libido, enfin tous les mots qui sont liés à un seul qui s’appelle le sexe, avaient eu des prescriptions, comme du deca-Durabolin, des dérivés de la testostérone. Ils ont voulu stimuler leur propre capacité de puissance sexuelle, leur libido. Et 5 ans, 10 ans plus tard, ils ont eu un cancer prostatique ; le cancer prostatique ne tombe pas du ciel, il est hormono-dépendant si vous prenez des hormones qui sont des dérivées de la testostérone. J’y suis totalement opposé. J’assistais il y a 5 ou 6 ans à un congrès à Belgique et j’ai dû passer après un collègue qui a dit exactement l’inverse de ce que moi j’ai dit. Après il m’a regardé évidemment d’un air pas très sympathique parce que moi je ne poussais pas les produits. Je n’avais pas de lien avec des laboratoires pharmaceutiques qui sont très forts pour vous faire croire qu’à partir de 50 ans, il faut que tous ces Messieurs prennent si ce n’est pas du Viagra, une petite pilule hormonale pour pouvoir stimuler leur sexualité et être plus heureux dans ce domaine-là. C’est une aberration, je vous le dis très franchement, je ne le conseille pas ; chacun est libre de faire ce qu’il veut.
Nous sommes ici pour vous donner de l’information. Nous n’avons pas de lien avec les laboratoires pharmaceutiques, quels qu’ils soient, mais il faut que vous le sachiez.
Une collègue remarquable de Toulouse, une oncologue de Toulouse, une chercheuse, je n’ai pas le nom en tête, a démontré il y a plusieurs années que le tissu gras périprostatique était un stimulant des anomalies cellulaires glandulaires au niveau de la prostate, tellement qu’il stimulait par l’irritation l’inflammation du tissu périprostatique autour de la prostate, dans le bassin, dans le bas du ventre et qui était une cause directe précise du cancer prostatique.
Il est intéressant de faire une différence entre la graisse qu’on va accumuler sous la peau, qui est le tissu gras sous-cutané et la graisse qu’on va accumuler au niveau des viscères. Petit rappel rapide d’anatomie : la prostate est située juste en-dessous de la vessie. Elle entoure le canal qui sort de la vessie pour devenir ensuite l’urètre, par où les urines vont être excrétées mais par où aussi, bien sûr, le sperme va être éjaculé lors d’un rapport sexuel, lors d’un orgasme. La prostate c’est un tissu qui est très sensible à la testostérone. C’est l’organe dans lequel se fait la convergence entre les canaux spermatiques et l’urètre.
Ensuite, la vessie, qui est dans la partie basse, dans le pelvis, juste en avant de la partie terminale du système digestif, puisque le toucher rectal permet de ressentir la grosseur de la prostate, en avant du rectum, et c’est là qu’on va retrouver la prostate.
Il y a une proximité très forte entre le système digestif et le tissu prostatique, en tout cas la partie postérieure de la prostate.
Alors tout ça pour dire que quand on accumule du tissu gras sous la peau, c’est une adiposité qui va devenir pro inflammatoire quand elle sera très développée. En revanche, il y a un autre type de tissu adipeux, un autre type de graisse qui est beaucoup plus dangereux, qui s’appelle l’obésité viscérale, c’est-à-dire qu’elle se situe au cœur des viscères. Plusieurs exemples, le plus connu, c’est ce qu’on appelait avant les Nash et qu’on appelle maintenant les MASLD, c’est en fait le foie gras, qui est lié à un trouble métabolique, c’est-à-dire une alimentation qui perturbe votre métabolisme, une alimentation trop riche en glucides, trop riche en produits ultra transformés, trop pauvres en fibres, trop pauvres en fruits, légumes, oléagineux et cetera. Et avec peut-être l’aide d’un petit peu d’alcool ou éventuellement de soda ou de jus de fruits dont on peut abuser parfois, qui vous apportent des doses importantes de sucre de façon répétée et des quantités de glucose qui sont tellement importantes que le foie n’aura pas le temps de les envoyer dans la circulation. Et tout ça va être stocké sous forme de graisse dans le foie, mais aussi parfois dans le pancréas, bien souvent autour de l’intestin, et parfois aussi dans les tissus avoisinants, dont la prostate peut faire partie.
Le fait d’avoir de l’obésité viscérale, c’est la pire des situations en matière d’obésité. Cette obésité viscérale est la plus pro inflammatoire qui soit, c’est une obésité que vous n’allez pas percevoir sous la peau. Vous ne vous ne pouvez pas pincer la panicule adipeuse puisqu’elle n’est pas sous la peau. Elle est dans les viscères et c’est une graisse qui est très pro inflammatoire, qui produit beaucoup d’inflammation.
Alors est-ce que c’est la proximité de cette graisse-là qui est pro inflammatoire ?
Certainement, puisqu’elle produit des messagers pro-inflammatoires. Mais il ne faut pas oublier que si vous avez de la graisse autour de la prostate, vous en avez aussi certainement dans le foie. Et si vous en avez dans le foie, eh bien le foie a beaucoup de difficultés à faire son travail de régulation de l’activité des hormones stéroïdiennes, notamment, de la testostérone chez l’homme, des œstrogènes, chez la femme. Quand la testostérone est mal catabolisée, mal évacuée, mal neutralisée, c’est souvent parce que le foie n’arrive pas à le faire correctement. Or, le foie est le principal gestionnaire de la fin de vie de ces hormones stéroïdiennes. Quand vous avez un foie qui n’est pas en bon état, soit parce que vous faites des apéros un petit peu trop souvent ou soit parce que vous avez ce modèle alimentaire qui amène à la stéatose hépatique, vous êtes dans un état qui favorise le développement de beaucoup de problèmes, comme le diabète de type 2, le cancer du foie et le cancer colorectal, mais aussi du cancer de la prostate.
Vous n’allez pas forcément tout faire à la fois, mais je ne vais pas vous dire que c’est complètement impossible parce qu’il y a des facteurs communs.
En tout cas cette graisse est située au cœur des organes, et est vraiment la moins souhaitable possible.
J’ajouterai qu’elle est d’autant plus fréquente qu’on n’a pas d’activité physique. Il y a des personnes qui font de l’activité physique et qui peuvent être en excès pondéral, mais en général, comme elles dépensent un petit peu plus leurs glucides, ça va moins loin. Mais il faut toutefois être méfiant parce qu’il y a d’autres aliments qui peuvent apporter cet effet de messagerie stimulant le développement de la prostate parce qu’ils contiennent des facteurs de croissance. On en trouve a dans les viandes bovines dont la consommation quotidienne n’est absolument pas souhaitable. C’est très loin d’être un aliment à proprement parler bon pour la santé, même s’il y a du fer, même s’il y a des protéines, et cetera, vous en trouverez tout autant, sinon plus de protéines dans les poissons, la volaille ou les œufs.
En revanche, la qualité des graisses que vous trouverez dans la viande de bœuf et dans la viande de porc, et dans la charcuterie à fortiori, cette qualité des graisses n’est pas bonne, elle est pro inflammatoire. Il faut être plutôt petit consommateur de ces viandes-là et plutôt grand consommateur de fruits, de légumes évidemment, de protéines végétales de différents types. On pourrait développer les légumineuses, en particulier, qui sont de très belles sources de protéines, et les oléagineux. Mais il faut plutôt aller chercher des protéines animales du côté du poisson, de la volaille et des œufs.
Les produits laitiers, pas trop non plus. Il y a un petit peu de prudence à avoir. Mais c’est quelque chose d’important de penser à augmenter sa part de protéines végétales et réduire la part de protéines animales en général. Selon les plus grandes études épidémiologiques d’ailleurs, on a commencé à parler de ça dès les années 80. Et ça a été renouvelé quasiment tous les 2 ans. On en revient toujours à cette même conclusion, consommer de la viande bovine trop souvent, ce n’est pas bon. Il ne faudrait pas dépasser les 150 à 200 g par semaine. On donne un maximum de 250g. Moi je dirais une fois par semaine maximum car au-delà, on augmente le risque de mortalité toutes causes. En passant par le cancer colorectal, cancer prostatique, les maladies cardiovasculaires, neurovasculaires, neurodégénérative et j’en passe. C’est pourquoi la viande bovine en tout cas n’est pas un aliment qui est intéressant pour la santé même si je conçois tout à fait qu’on puisse beaucoup l’apprécier.
La Vitamine D
Alors je voudrais revenir sur le cholestérol et la vitamine D. Pourquoi ? Parce que j’ai vu récemment passer un document sur les hypervitaminoses D et je pense que nous sommes en train d’y arriver. C’est pour cette raison que le gouvernement, à mon avis à juste raison, a décidé de ne plus rembourser le dosage de la vitamine D, qui était devenu abusif. Mais le fait de ne pas du tout rembourser devient excessif dans l’autre sens alors qu’avant c’était excessif de le rembourser.
Je pense tout simplement que la vitamine D d’aujourd’hui est prescrite par des médecins à coup de 100000 unités internationales, à coup de 80000 ou de 300000 unités internationales.
Cette vitamine D est liposoluble, ça veut dire qu’elle n’est pas hydrosoluble. Liposoluble, ça veut dire soluble dans le gras; elle se stocke dans le gras, s vous avez du gras et que vous ne prenez pas trop le soleil, que vous avez des doses de vitamine D que votre médecin considère comme basses.
Il ne faut pas donner de la vitamine D à hautes doses à tout le monde. On peut doser le taux de vitamine D dans le sang et en prescrire en fonction des résultats. Mais en donner en septembre à des patients qui ont passé un mois d’août en plein soleil dans le sud de la France, en Espagne, au Portugal, ça n’a pas de sens. Ce n’est pas parce qu’on habite dans les Hauts de France qu’on est en carence.
Il faut faire très attention aujourd’hui car nous sommes en train de commencer à voir des hypervitaminoses. Une publication récente disait qu’il y avait un risque avec l’hypervitaminose D d’augmenter le risque de cancer prostatique, je dis « risque ». Simplement méfiez-vous de ne pas avoir des prescriptions de vitamines D excessives en pensant, « plus j’en prendrai et moins je serai malade ». Ça c’est faux.
Face à un patient un peu âgé, on tient compte du fait que la production de vitamine D fonctionne un peu moins bien, on a tendance à garder une supplémentation quotidienne toute l’année, mais on a des dosages différents selon la période de l’année, on va être plutôt sur 4000 unités dans une période située entre le mois d’octobre et les mois de mars/avril. 4000 unités par jour, ça correspond à 100 microgrammes. Quand on parle de 4000 ça fait toujours peur mais ce n’est pas énorme. Et ensuite, l’été on sera plutôt à 2000. Et puis on a la possibilité de prendre le soleil le matin et l’après-midi, ou plutôt en fin d’après-midi sans brûler et prendre un peu de couleurs.
Eh bien là, le foie arrive avec l’aide de la lumière, de la peau, des reins, des poumons, du cerveau, et cetera, à produire de la vitamine D. Éventuellement, ça peut se contrôler. Ce qui a « mauvaise réputation » dans la littérature scientifique, toute proportion gardée, ce sont plutôt les grosses supplémentations d’un coup. Quand on a une personne qui est au 4e dessous au niveau vitamine D, on aime bien aller vite au départ, et on va donner des grosses doses. Mais après c’est préférable clairement d’avoir des petites doses quotidiennes.
Donc 4000 unités par jour pour l’hiver qui va arriver.
7ème cause : infections prostatiques = prostatites à répétition
- L’infection de la prostate se traduit par des douleurs intenses de la zone anale et urinaire, brûlures intenses et difficultés à uriner. Le toucher rectal est très douloureux, la fièvre est fréquente.
- L’antibiothérapie est obligatoire et doit parfois être prolongée. Les récidives sont fréquentes et exigent la reprise des antibiotiques.
Nous passons à une autre cause qui s’appelle la prostatite, ou les prostatites. C’est une inflammation prostatique et très souvent dans une inflammation prostatique, il y a un mauvais germe dans la prostate qui s’appelle la plupart du temps un colibacille. Ce colibacille est naturellement présent dans nos matières fécales. Mais si vous êtes constipé, le fait que ce colibacille stagne dans votre colon, dans votre rectum, il fait des petits et ces petits sont capables de traverser la barrière intestinale pour passer vers le foie. Le foie normalement doit les détruire, mais si le foie est débordé parce qu’il y en a trop, il ne va pas tout détruire, ça va faire le grand tour. Vous retrouverez ces colibacilles dans les urines, vous aurez une colibacillose et vous aurez quelques brûlures en urinant assez fréquentes chez la femme qui est constipée.
Mais ça se voit chez l’homme d’une autre façon. Il n’y a pas tellement de cystite chez l’homme, ça sera plutôt la prostatite. Pourquoi ? Parce que les systèmes urinaire et prostatique sont liés puisque c’est par le canal urinaire que sortent les urines et par ce même canal que sort, au moment de l’éjaculation, le sperme tandis qu’il y a une valve qui empêche les urines de passer. Je l’appelle la « valve de la vie », elle est minuscule et est formidable parce qu’elle va fermer les canaux prostatiques, les canaux qui viennent de la prostate pour être plus simple, pour laisser passer soit l’urine soit le sperme quand il y a une éjaculation lors d’une relation intime car à ce moment-là, la valvule bloque le passage urinaire. Ça c’est un élément très important.
La prostatite est un des facteurs de risque du cancer prostatique.
En cas d’inflammation, vous avez un germe, que ce soit un colibacille, un staphylocoque, un streptocoque ou un proteus (il y en a beaucoup). Et l’antibiotique arrive difficilement à la prostate. Les antibiotiques n’aiment pas agir à deux endroits de notre corps.
Quand vous avez une ostéite, une inflammation, une infection au niveau de l’os, du système osseux, vous donnez des antibiotiques à forte dose, ça ne marche pas bien, il faut en donner une première génération, 2e génération, 3e génération, ça ne marche pas. Souvent, on est obligé d’opérer pour aller faire un curetage, pour nettoyer l’infection.
Eh bien, pour la prostate, c’est plus difficile parce qu’on ne peut pas opérer une prostate qui a une inflammation, une infection prostatique, une prostatite. Seulement, on va finir par un traitement antibiotique assez long, par neutraliser l’infection prostatique.
Mais attention, il y a des récidives. Récidive, ça veut dire que ça revient et ça se traduit par des douleurs en urinant, des douleurs au moment de la sexualité, des douleurs au moment de l’évacuation rectale, parce qu’on contracte le rectum, on appuie sur sa prostate et d’ailleurs si on fait un toucher rectal, le malade hurle tellement il a mal. Et si vous demandez le taux du PSA dans la semaine, vous allez constater que ce taux de PSA a monté énormément.
La prostatite est un des facteurs de risque du cancer prostatique, là c’est certain, mais ce n’est pas une prostatite dans votre vie, c’est une prostatite qui a récidivé, parce que on peut en avoir des récurrentes, des récidives. On peut même être tranquille pendant des dizaines d’années. Et puis malheureusement attraper une prostatite.
La prostatite fait partie aussi, des maladies sexuellement transmissibles. On peut avoir une relation avec une personne qui peut, si elle est porteuse d’un germe, transmettre au partenaire ce germe qui peut aller se « nidifier », on dit même se sanctuariser dans la prostate.
Quand nous avons un patient qui vient avec un diagnostic, nous recherchons les causes pour qu’elles ne reviennent pas. Et on demande toujours « est-ce que vous avez eu des prostatites ? »
Je relie à la prostatite un autre élément qui est très important : les calcifications prostatiques.
Chez la femme, nous observons des microcalcifications dans le sein (ce sont des foyers un peu anarchiques dans le sein), qui sont trop souvent des éléments de cancer, parce qu’il y a une inflammation entre les cellules qui se battent contre les microcalcifications. Je simplifie bien sûr. Ces microcalcifications restent là et irritent la zone. Et à cause de l’irritation, de l’inflammation, il y apparition de cellules cancéreuses.
C’est la même chose pour la prostate. On est en train de découvrir les microcalcifications de la prostate. La différence, c’est qu’une prostate est bien plus petite qu’une glande mammaire. Une prostate normale, c’est 30 cm cubes. Oui mais vous allez me dire « Mon urologue ou mon docteur ou mon échographie prostatique m’a dit que j’avais 60 cm cube ou que j’avais 100 cm cube ». Ah oui, si vous avez 50, 60, 100 120 cm cube, c’est que vous avez une volumineuse prostate. Vous avez une prostate que vous avez nourrie de facteurs de croissance. Quels sont ces facteurs de croissance ? Ce sont les facteurs de croissance qui sont présents dans un produit que prend un animal. Le lait de la vache contient des facteurs de croissance. Il y a en particulier trois. Un premier qu’on appelle IGF (Insulin Growth Factor) et deux facteurs insuliniques qui sont présents dans les produits laitiers que nous consommons, s’ils n’ont pas été affinés.
Ces facteurs de croissance ne sont pas bons pour nous. Ca veut dire qu’un homme qui se retrouve avec 100 cm cube de volume prostatique, excusez-moi, il a une prostate qu’il a construit avec des produits laitiers. Soyons clairs.
J’ai à l’époque demandé une saisine parce que je présidais un mouvement familial à l’Agence nationale de sécurité des aliments. Quelle était la saisine que je posais ? (Les questions que je posais, ça s’appelle une saisine). La question c’était, « quels sont les facteurs de croissance qui sont présents dans les produits laitiers ? » J’ai attendu plus de 6 mois pour avoir des résultats et les résultats, je les connaissais avant par des études bibliographiques, mais moi ce n’était pas les études bibliographiques que je souhaitais avoir en retour. Je souhaitais avoir les taux des facteurs de croissance et la conclusion qui m’a été donnée confidentiellement, mais moi je vous la donne officiellement, c’était, « Eh bien oui, c’est vrai les facteurs de croissance sont présents dans les produits laitiers et sont en cause dans l’augmentation des risques de cancer de la prostate, du cancer du sein, du cancer du côlon ». Mais la conclusion c’était, oui, c’est significativement élevé, mais quand même l’intérêt de la consommation de ces produits est supérieur aux risques que l’on a en les consommant.
Le problème c’est qu’il faut en consommer, d’accord, mais pas beaucoup. Si vous en consommez matin, midi et soir et que vous vous gavez de produits laitiers, vous avez une consommation excessive de facteurs de croissance. C’est pour ça que, en tant que chirurgien, parfois je donne des images chocs. On me le reproche mais ce n’est pas grave. L’important parfois c’est que l’on retienne l’idée. Alors je dis que le yaourt, le jour où ma femme m’offrira un yaourt, ça sera la veille du départ dans l’au-delà, vous voyez ? Et quand je pose une question dans un grand amphithéâtre public, « qui a pris un yaourt aujourd’hui ? », tout le monde lève la main. Parce que je n’ai pas encore sorti la phrase « quand est-ce que je le prescris ? »; c’est une image mais c’est pour que vous reteniez que si vous avez un volume prostatique élevé, c’est que vous avez tout simplement consommé trop de produits laitiers.
Et c’est vrai que cette hypertrophie bénigne de la prostate, si en plus il y a des calcifications (et Dieu sait que dans les produits laitiers il y a du calcium), et si en plus vous avez une prostatique, vous augmentez votre risque de cancer prostatique.
8ème cause : Intoxication tabagique et autres addictions respiratoires
Le tabac et le cancer du poumon. Le tabac contient des produits arsenicaux. C’est une catastrophe pour votre immunité, c’est une catastrophe pour vos poumons. C’est une catastrophe pour votre prostate ; il faut absolument l’arrêter le plus tôt possible. Il n’est jamais trop tard, le mieux est de pas y toucher. Le tabac et autres drogues (haschich, cocaïne…) réduisent les défenses immunitaires et se surajoutent aux autres facteurs de risques.
9ème cause : les pesticides et les perturbateurs endocriniens (PE)
- Ce sont tous les produits utilisés trop largement dans l’agriculture productiviste. Ils sont lipophiles et peuvent se stocker dans les tissus gras.
- C’est leur accumulation chronique qui est cancérigène.
Il y a un PE très connu maintenant qui s’appelle le chlordécone.
Dans les bananeraies, c’est-à-dire pour que les bananes soient de belles bananes, on en utilise. Bon alors on vous dira maintenant qu’elle bio ou pas bio. Tout ça c’est fort difficile à contrôler. Mais je suis allé en Guadeloupe et en Martinique pour voir des collègues qui bossaient dans ce domaine, dont un qui était un ancien gastro-entérologue absolument remarquable de la région du Nord de la France qui était aller s’installer là-bas et qui était à l’Inserm et qui lui était absolument formel sur l’augmentation du risque de cancer prostatique lié au chlordécone. C’est-à-dire qu’effectivement en Guadeloupe, en Martinique, il y a davantage de cancers prostatiques et on vous dira qu’il y en a aussi beaucoup plus en Suède et qu’en Suède, il n’y a pas de bananier. Mais en Suède, il y a d’autres perturbateurs endocriniens, parce que des perturbateurs endocriniens, il y en a beaucoup. Il y a des organochlorés, c’est le chlordécone organochloré, mais il y en a encore beaucoup d’autres.
On a tendance à stocker les perturbateurs endocriniens dans le tissu adipeux, et en perte de poids, on recommande de bien s’hydrater. D’une manière générale, il faut bien s’hydrater. C’est d’autant plus important que la prostate est totalement liée au système urinaire; avoir une bonne hydratation, ça permet de réduire le risque d’avoir des urines peut-être trop riches en perturbateurs endocriniens, puisqu’il y a une bonne partie qui vont être éliminées par voie rénale, une autre partie qui va être éliminée par voie digestive ; avoir un transit qui soit régulier, c’est une chose qui est importante.
Certaines bactéries de colibacille sont plus souvent associées à des prostatites. Ce qu’il faut comprendre, c’est que quand vous développez une prostatite à cause de ces bactéries, ça n’est pas tant parce que la bactérie est présente que parce que les colonies de cette bactérie sont trop abondantes. Pourquoi sont-elles trop abondantes ? C’est parce que l’alimentation sélectionne ce type de bactéries-là. Or les bactéries de ce type-là, ce sont des bactéries qui se nourrissent de protéines, ce qui est typique d’une alimentation pauvre en fibres, pauvre en produits végétaux, fruits, légumes, et cetera, et associé à un transit difficile. Qui dit constipation, qui dit excès de protéines, dit risque augmenté de développer des prostatites et avoir des prostatites répétées. Et c’est idéal pour finir par développer des calcifications liées à cette inflammation chronique de la prostate.
Une bonne chose pour prendre soin de notre prostate, c’est de bien s’hydrater. Boire suffisamment. Et il faudrait boire au moins 2 litres par jour de base et rajouter peut-être à partir de 60 kilos, pour 15 kilos de poids corporel, 1/2 l d’eau de plus ; si vous pesez 90 kilos, il faut boire 3 litres d’eau minimum par jour, et il ne faut pas hésiter à les dépasser. J’ai encore fait un gros travail de bibliographie sur ce sujet-là. Il y a trop peu d’études qui s’intéressent à ça. Il y en a plusieurs qui sont sorties assez récemment et le fait de boire peu, augmente les risques de calculs rénaux, augmente les risques de cystites, augmente les risques de prostatite, augmente les risques de cancers, de déficit immunitaire, de maladies neurodégénératives. Il n’est pas souhaitable de boire insuffisamment. Hydratez-vous bien.
Il existe un type de constipation avec pullulation microbienne qui est d’abord due à une alimentation trop pauvre en produits végétaux et être sous hydraté, augmente le risque de constipation, c’est tout à fait clair.
10ème cause : la génétique
- Il faut distinguer l’hérédité (mon père, mon grand-père, mon frère, mon oncle ont été atteints) de la génétique quand un gène protecteur a été muté et ainsi est devenu un oncogène ou gène activateur.
- Chez les sujets jeunes, ou en cas d’hérédité dans la famille, on recherche la mutation du gène :
- Le gène BRCA2 (BR = Breast = Sein – CA = Cancer). 11,5% des cas de cancers de la prostate au stade métastatique présentent des altérations des gènes BRCA dans leur tumeur.
- Le gène HOXB13 est présent dans les cancers de la prostate qui peuvent envahir la vessie et absent quand c’est le cancer de la vessie qui envahit la prostate.
La génétique est souvent confondue avec l’hérédité. On dit mon papa, mon grand-père ou mon oncle a eu un cancer prostatique, oui c’est possible parce qu’il avait des comportements qui ont été des facteurs de risque. Et comme vous le voyez, c’est un cocktail de facteurs et ce n’est pas un et un seul. Il était fumeur, il était en surpoids, il picolait pas mal, il a eu une prostatite, et cetera. Voilà des facteurs de risque qui se cumulent. Mais il y a quand même des facteurs génétiques que l’on connaît maintenant, dont un qui s’appelle un gène du cancer du sein. Il n’y a pas que les femmes qui sont atteintes de cancer du sein.
Dans le sein, il y a deux gènes protecteurs qui peuvent se mettre à muter s’il y a des éléments de l’épigénétique, c’est-à-dire des éléments de ce que nous vivons, de notre hygiène de vie (alimentation, respiration, tout ce qu’on peut imaginer de notre vie), qui vont faire muter le gène qui ne sera plus protecteur et deviendra activateur. En résumé, on a des gènes protecteurs qui peuvent devenir des oncogènes.
Il s’agit du BRCA1 (Breath Cancer, numéro 1 du cancer du sein) qui touche à peu près 8, maximum 10%, des femmes atteintes de cancer du sein qui ont ce gène protecteur, mais à cause d’éléments qui créent la mutation, font que ce gène devient un oncogène activateur.
Il y en a un deuxième : le BRCA2 qui augmente les risques de cancer du sein chez la femme. Disons moins que le premier. Il donne 80% de risque chez une femme entre grosso modo une trentaine d’années et 80 ans, tandis que le 2ème, c’est 40, 45%. Mais ce gène peut être transmis par la maman chez son fils, c’est tout à fait possible. À ce moment-là, le fils est porteur du BRCA 2, et peut développer un cancer du sein. Chez l’homme, on a à peu près 800 à 1000 cas par an en France. Et deuxièmement, il peut développer un cancer prostatique. Nous sommes capables de chercher chez un homme aujourd’hui atteint de cancer prostatique, ce BRCA 2 ; s’il ne l’a pas, il n’est pas en cause. Ça veut dire qu’il n’est pas porteur d’un gène qui le protège et n’est pas porteur d’un gène protecteur qui risquerait de muter par exemple, par de mauvaises habitudes alimentaires, par le tabac, par l’alcool, par tout ce que vous pouvez évaluer par la prostatite.
Il y a un autre gène qui est plus récent. C’est le HOXB13. Pourquoi est-il important ? Parce que je voyais encore récemment un cas d’un monsieur qui a eu un diagnostic au départ de cancer de la vessie. Il avait eu des urines sanglantes et la logique était d’aller regarder dans sa vessie. Dans les prélèvements, on a trouvé dans cette vessie des éléments de la prostate. Ça veut dire que c’était la prostate très au contact de la vessie qui, cancéreuse, est allée infiltrer la vessie. Mais ce que l’on ne sait pas au départ, c’est « est-ce que c’est la vessie qui est allée enflammer la prostate et qui a créé le cancer dans la prostate ou inversement ? » Eh bien c’est ce gène qui permet de discerner. Quand le HOXB13 est positif, quand ce gène est présent, c’est un cancer prostatique au départ, ce n’est pas la vessie. Et quand il est négatif, c’est un cancer de la vessie qui est allé dans la prostate.
Nous avons beaucoup progressé dans ces domaines. Le traitement est différent.
Un cancer prostatique est hormono-dépendant exactement comme le cancer du sein. Et nous allons devoir envisager dans le traitement du cancer de la prostate, de donner des traitements pour bloquer l’hormono-dépendance si le cancer de la prostate est dépendant de la testostérone, hormone mâle par excellence. Ça voudra dire qu’il faudra trouver des moyens pour freiner la fabrication de l’hormone qu’est la testostérone.
11ème facteur : le papillomavirus et les infections sexuellement transmissibles
- Les virus HPV, surtout le numéro 16 peuvent être associés et en cause dans les cas de cancer de la prostate.
- On retrouve aussi les séquelles des infections à gonocoques, au virus Epstein Barr, aux virus de l’herpès simplex type 2 et type 8.
- Les symptômes de l’herpès rougeurs, cloques, croûtes sont en général peu douloureux, développés sur le pénis, le prépuce, les cuisses, l’anus, les fesses.
Nous arrivons au facteur de risque qui est un peu récent, sur lequel il y a beaucoup d’insistance pour vacciner, c’est le papillomavirus. Actuellement, il y a des publications qui disent qu’effectivement chez des hommes atteints de cancer prostatique, on retrouve, par de la biologie moléculaire, on retrouve au niveau de la zone prostatique le virus qu’on appelle le papillomavirus, qui est le virus pour lequel on veut lutter par la vaccination contre les papillomavirus. Et où le gouvernement essaie d’imposer dans les écoles, dès la fin du primaire, la vaccination contre le papillomavirus, qui est un virus. Attention, il y a une centaine de virus qui portent le nom de papillomavirus, mais les trois qui sont dangereux augmentent le risque de cancer du col de l’utérus chez la femme, et du cancer du pénis de l’homme. Je ne l’ai personnellement jamais vu dans ma carrière de cancérologue alors que j’ai vu des cancers du pénis et qui n’étaient pas du tout lié à un papillomavirus mais à une mauvaise hygiène locale pour être clair.
Dernièrement dans les journaux, j’ai vu une publicité qui était manipulée par un journaliste médecin dont je tairai le nom. Mais peut-être certains d’entre vous l’ont en tête. Pour moi, c’est un grand fumiste. Dans cette publicité on voyait une dizaine de mes collègues urologues, dans la région parisienne, qui étaient les uns à côté des autres alignés et ils avaient le pantalon sur les chaussettes. Et ils avaient tous le doigt en l’air. La publicité c’était de ne passer pas à côté du doigt qui peut vous sauver la vie ! Ça voulait dire le toucher rectal. C’est complètement aberrant. Ça n’a strictement aucun sens.
Ce qui a du sens, c’est le dosage du PSA (prostatic specific Antigen, antigène spécifique de la prostate.) Attention, pas d’affolement. On sait que le taux normal est inférieur à 4. On sait qu’avec un adénome prostatique, il peut être élevé, il peut être à 10, 11, à 12, à 15. Et le point important, c’est qu’en une année, ce taux ne doit pas doubler. Admettons que j’ai 2 cette année en janvier 2024. En janvier 2025, je dois avoir 2 ou peut-être 3. Mais pas plus de 4. Si je double c’est le delta, c’est-à-dire que c’est la différence de taux du PSA qui doit être une alerte. Et face à cette alerte ce n’est pas compliqué, ce n’est pas le toucher rectal qui est important, c’est l’échographie prostatique, qui n’est pas très agréable à faire, par voie transrectale.
Votre médecin va vous donner le volume de votre prostate et vous saurez que vous avez une prostate normale à 30 cm cube ou 60 ou 55 ou 80 ou 100. Et puis s’il y a un doute, à l’échographie de la prostate, il faut faire une IRM. L’IRM, ce n’est pas un scanner. L’IRM, c’est une résonance magnétique qui n’est pas nucléaire au sens où elle nous fait passer du nucléaire qui serait dangereux pour ceux qui sont autour de vous. C’est un examen qui permet de voir très bien votre prostate, de voir s’il y a une anomalie et s’il y a une anomalie dans la prostate ou autour de la prostate, sur la capsule de la prostate, il faudra faire une biopsie, une stéréotaxie, c’est un mot qui fait savant, ça veut dire que l’on vise en réalité la prostate (qui a la taille d’une petite balle de golf). En réalité, c’est fait par l’urologue ou le radiologue. Le spécialiste va viser la prostate ce qu’il peut viser s’il y a des microcalcifications. Sinon il fera 12 à 15 prélèvements dans la prostate. Mais je précise une dernière chose, ce prélèvement dans la prostate ne doit pas se faire en voie transrectale, c’est-à-dire au travers du rectum. Pourquoi ? Parce que même si on vous fait un bon lavement avant de faire le prélèvement, dans le rectum, il y a des matières fécales. Même si elles ont été évacuées par lavement, il y a quand même des résidus de germes. Donc le danger de la biopsie prostatique en passant à travers le rectum, c’est de créer une prostatite, qui n’a jamais existé, c’est-à-dire de faire entrer dans votre prostate un colibacille ou un germe en colonie excessive. Encore récemment, je voyais un grand ami qui se retrouvait avec une prostatite aiguë, extrêmement douloureuse, obligé d’être hospitalisé en pleine nuit en urgence parce qu’il avait eu un prélèvement transrectal. On peut faire aujourd’hui des prélèvements dans la prostate en passant par le périnée. C’est un terme un peu scientifique et anatomique, mais qui permet d’éviter de passer au travers du rectum. Ça, c’est un point à bien retenir. Quand votre urologue va vous faire le prélèvement, vous lui dites « je souhaiterais monsieur le docteur un prélèvement qui ne passe pas au travers du rectum, je ferai le lavement avant comme vous me l’avez demandé, il n’y a pas de souci, mais je souhaite avoir un prélèvement qui se fasse par le périnée ».
12ème facteur : le stress de la vie moderne
- Tous les stress peuvent stimuler en excès nos 2 glandes surrénales qui fabriquent le cortisol, lequel est une hormone qui réduit les défenses immunitaires.
- Les stress à eux seuls ne peuvent pas déclencher un cancer prostatique, ils s’associent aux autres causes.
- En cas de cancer, il est important de gérer ses stress s’il le faut en étant accompagné par une équipe de psychologues.
Conclusion
Le cancer de la prostate ne tombe pas du ciel.
Si vous prenez conscience des facteurs de risques, vous saurez progressivement les éviter.
Prenez soin de votre prostate, en mangeant mieux et meilleur (plus de végétal que de produits animaux), en ayant une activité physique régulière qui vous plait, en évitant de prendre du poids, en étant toujours optimiste même en avançant en âge.
Bien à vous tous messieurs.
Pr Henri Joyeux